Ange soupira... La jeune fille venait d'être convoquée au parloir. Pourquoi ? Elle essaya d'interroger habilement la femme qui l'y emmenait :
- Madame, pourquoi va-t-on là bas ? Je dois aller dans la salle de classe pour étudier, moi. Ma maitresse ne va pas être contente du tout...
La femme ne répondit rien.
- Qu'est ce qu'il se passe ? C'est grave ?
Toujours rien... Ange soupira... encore. Elle en avait de plus en plus marre de cette maison pleine de règles et de mystères. Elle n'avait jamais rien le droit de faire ou de dire. Pendant les récréations c'était silence, le soir dans les dortoirs pareil et pendant les repas aussi. Mais enfin, quand pourrait-elle parler, crier, courir ?! La belle jaune était de plus en plus éprise de liberté. Elle allait même jusqu'à en rêver la nuit.
Et elle avait encore 5 ans à attendre...
Enfin, elles arrivèrent au parloir. La femme qui l'avait accompagnée la poussa sèchement à l'intérieur et entra à sa suite.
Ange ne savait pas pourquoi elle était là. Elle ne voyait personne. Juste de l'ombre devant elle. Puis elle entendit des chuchotements dont elle ne parvint pas à percer la signification. Mais au moins elle avait compris qu'il y avait du monde dans cette pièce à part elle et la femme.
La jeune fille avança de quelques pas et réussi à discerner dans l'ombre ce qui ressemblait à trois silhouettes humaines. La vérité se fraya doucement un chemin jusqu'à son esprit. Elle essaya d'avancer encore mais la femme le lui interdit formellement.
- Stop, dit-elle. Ne bougez plus !
Ange se tourna lentement vers elle.
- Retournez vous ! s'écria la femme.
La jaune obéit tout en lui lançant un regard noir, ce qui eut l'effet d'occasionner quelques rires chez les messieurs présents. Ange en aurait hurler de rage. Elle n'aimait pas qu'on lui dicte sa conduite et surtout, elle n'aimait pas qu'on la prenne pour une bête de foire.
Alors elle remonta le menton bien haut, des éclairs dans le regard, et regarda ce qu'elle pensait être les trois hommes. Elle croisa les bras sur sa poitrine et attendit.
